dimanche, avril 4

Petite fin du monde - Hector de Saint-Denys Garneau


Oh ! Oh !

Les oiseaux

morts





Les oiseaux

les colombes

nos mains





Qu'est-ce qu'elles ont eu

qu'elles ne se reconnaissent plus





On les a vues autrefois

Se rencontrer dans la pleine clarté

se balancer dans le ciel

se côtoyer avec tant de plaisir

et se connaître

dans une telle douceur




Qu'est-ce qu'elles ont maintenant

quatre mains sans plus un chant

que voici mortes
désertées




J'ai goûté à la fin du monde

et ton visage a paru périr

devant ce silence de quatre colombes

devant la mort de ces quatre mains

Tombées

en rang côte à côte





Et l'on se demande

A ce deuil

quelle mort secrète

quel travail secret de la mort

par quelle voie intime dans notre ombre

où nos regards n'ont pas voulu descendre

La mort

a mangé la vie aux oiseaux

a chassé le chant et rompu le vol

à quatre colombes

alignées sous nos yeux

de sorte qu'elles sont maintenant

sans palpitation

et sans rayonnement de l'âme.

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