Quand le matin t’ouvres les yeux en te
disant merde. Tu sais que ce sera une journée qui traine de la patte. Quand tu
te lèves et que t’as de la misère à mettre un pied devant l’autre, que t’as les
pensés qui te roulent dans la bouche au même titre que ton haleine du matin et
que t’as du mal à te pencher pour ramasser tes bobettes par terre ou à choisir
quoi manger pour fermer la yeule à ta
panse et que, finalement, t’entame lâchement ton bloc de fromage que tu
décidera trop tard d’arrêter de manger. Tu finis par prendre une douche et tu
te retrouves toute nue assise sur ton lit, gelée là depuis vingt minutes parce
que la seule idée de devoir investiguer dans tes tiroirs pour trouver de quoi
t’habiller te démoralise. Tu te dis que t’aurais dû aller à la buanderie au
lieu de rester figée sur ton lit. Tu te dis aussi qu’en vingt minutes t’aurais
déjà une brassé de faite. Mais non, au lieu de ça, t’es assises nue sur ton
lit à t’en vouloir pour le rien Pentoute que t’es en train de faire.
Ça te pogne ces matins là. Même si tu sais
que ça s’efface le lendemain, il faut quand même que tu passes à travers. Et si
quelqu’un te voyait comme ça? Si ta mère te voyait là, sur ton lit, flambant
nue la face à l’envers? Et puis, tu te souviens qu’elle ne t’a pas rappelée
encore. Tu penses : «Elle croit tellement que je n’ai pas besoin d’elle,
que retourner mes appels n'est pas une priorité.». C’est là que tu te dis que même ta mère ne te connait pas. Puis tu
passes un autre vingt minutes dans une phase judéo-chrétienne intense en t’auto flagellant à coup de « j’aurais dû » puis de « c’est de ma faute,
criss ».
T’es là. Tu fixes le plancher, t’attends que
le courage te vienne pour finalement enfiler tes jeans moutarde façon commando pour traverser la rue et
boire un vrai café en écoutant ta barmaid préférée raconter ses histoires pour
oublier les tiennes Et c'est là que tu te dis, un moitié-moitié à la main, que t'as pas vraiment le droit de gaspiller
une journée de ta vie parce que toutes tes bobettes sont au lavage.
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